l'effrontée



On est en plein cagnard. Quarante degré à  l'ombre. Le vin c'est de la piquette, je ne peux pas fumer à table et il n'y a pas de coca light. Mais mon maquillage ne coule pas, la Provence est belle et la mariée est splendide. Ma cousine se marie et je fais partie de la fête. Je n'ai pas de fiancé et je m'en fiche. Tout le monde me convoite. C'est fou ce que je suis bien, je porte les Roger Vivier noires, les préférées, les favorites. Ma parfum perle sur ma peau. "Sa majesté la rose" de Serge Lutens. Pour un trio de roses: une turque, une bulgare et une marocaine. Je m'appelle Charlotte et mon parfum me ressemble: il est lié au voyage. Je parcours le monde pour étancher ma soif de découvertes. Le mariage est réussi. Quand je vois le lustre de lierre, de roses et d'orchidées je suis ébahie. Sur les tables, du jus de goyave et de papaye. Mes cousines sont belles, toutes en voilette. Les femmes de la famille ressemblent à des fleurs: jeunes, leur beauté n'attend que d'éclore pour vivre au grand jour et fanées, elles n'ont rien perdu de leur beauté. L'homme, serait le roseau, l'aide à l'épanouissement. Je finis pieds nus sur la table, ayant abusé d'un autre nectar que celui du fruit exotique, ma robe nude est couverte de vin rouge dans la bataille et ma bouche Dior n'est plus que disgrâce. Je suis l'effrontée. Sous les oliviers et derrière la lavande, j'agis en bonne fille de mon Sud-Ouest natal. On se croirait en pleine feria de Bayonne. Ma famille n'est que tradition. La meilleure qu'elle fasse perdurer c'est de faire la fête. 

                  (inspiration: film La Chamade- défilé Dior)